Compositeurs,  Inspiration

Cuirlionis

Automne. Jardin nu.

Les arbres à moitié dénudés bruissent et recouvrent de feuilles les sentiers,

et le ciel est gris-gris, si triste que seule l’âme peut l’être.

– (C’est un texte de Mikalojus Čiurlionis, compositeur et peintre.)

Qui est donc ce Mikalojus Konstantinas Čiurlionis?

Sa vie, très courte – seulement 35 ans – fut remplie de créativité, de rêves et de projets artistiques : maître de chorales, metteur en scène, chef d’orchestre, professeur de piano, pianiste concertiste et avant tout compositeur.

Il participa aussi, en tant que peintre, à des expositions liées au groupe « Le Monde de l’Art », aux côtés d’artistes comme Doboujinsky, Bakst et Benois. Il avait également le don d’écrire.

Il n’était pas adapté à la vie bourgeoise – le travail répétitif, les mondanités – mais il travaillait beaucoup sur ses projets créatifs. On peut dire que pour lui, vivre signifiait travailler, ou mieux : créer. Comme homme, il était gentil, doux et rêveur. (J’ai ajouté sa photo avec sa femme, ma photo préférée, qui montre l’âme de ce couple. L’histoire d’amour entre M. et sa femme Sofija Kymantaitė-Čiurlionienė est une poésie bleue.)

« C’était un être vivant, bon, chaleureux et ouvert, aimant partager ses impressions. Dans ses relations avec les autres, il se montrait modeste et ne cherchait jamais à se distinguer. À ses côtés, il ne pouvait y avoir ni mauvaises personnes ni mauvais sentiments », se souvenait Galina Vellman, l’épouse du consul anglais à Varsovie.

Il est né en 1875 en Lituanie, alors intégrée à l’empire russe. Il meurt à Varsovie en 1911. Il ne connaîtra qu’une gloire posthume. Cela explique pourquoi plusieurs de ses œuvres musicales et peintures furent perdues et pourquoi ses pièces musicales n’étaient pas classifiées (pas d’opus). Comme musicien, il laisse quelque 300 compositions dans des domaines variés, l’une de ses plus connues étant le poème symphonique La Mer (1903-1907). En peinture, il créa au moins le même nombre de tableaux, dont un triptyque sur le thème de la mer, intitulé Sonate de la mer (1908). Il créa plusieurs cycles de tableaux, dont La Création du monde (13 tableaux) et Le Zodiaque (12 tableaux).

Je vous propose mon interprétation de deux préludes dont je n’ai pas retrouvé l’opus.

La musique de Čiurlionis enveloppe comme les vagues ou le vent. Elle est douce, mais elle te guide et impose sa volonté. On y perçoit quelque chose d’hypnotique, qui provoque un état de transe. Cela se ressent surtout dans ses poèmes symphoniques, mais même dans ses miniatures pour piano, on retrouve ce même effet.

Les deux préludes que je joue sont à la fois polyphoniques et romantiques. On y décèle l’influence de Brahms, mais aussi une chaleur et une certaine tendresse, et cette atmosphère propre à la signature de Čiurlionis.

Peut-être que ce très court article a éveillé votre intérêt pour l’art de Mikalojus Čiurlionis. Si vous souhaitez prolonger le charme et passer encore un peu de temps dans son univers, je vous propose une playlist YouTube de mes morceaux et interprétations préférés :

TOKTOK Piano: Cuirloinis

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